Nothing To Hide

Dates : 26 avril – 30 juin 2018
Vernissage : 26 avril, 17 h

En 2006, les requêtes et l’historique de navigation Internet de plus d’un demi-million d’Américain·e·s ont été rendus publique. Ces enregistrements, faits à l’insu des utilisateurs·trices pendant plusieurs mois, ont été anonymisés avant d’être publiés par pour la recherche académique. L’installation médiatique Nothing To Hide propose de reconstituer ces sessions de navigations en créant des portraits vidéos intimes de ces utilisateurs·trices. Pour parvenir à ce résultat, il est nécessaire de s’émanciper du concept de « banque de données » pour le redéfinir comme une « archive numérique »; il s’agit de dégager un chemin vers une compréhension plus sensible des données, de penser ces informations non plus comme des chiffres, mais comme une documentation des activités passé d’un ensemble d’individus qui peuvent être reconstitués au présent. De nombreux sites Internet visités en 2006 n’existent plus et le re-enactment tel qu’il est défini dans le documentaire artistique permet de combler un manque dans le récit et d’emprunter de nouvelles potentialités tout en restant fidèle au modèle original.

L’installation vidéo Nothing To Hide se compose d’un corpus choisi de six sessions de navigations, six portraits d’utilisateurs·trices dans une configuration de six écrans disposés en forme de panoptique. Chaque écran met en scène une histoire réelle de deux à trois minutes, en boucle, sous la forme d’une capture d’écran vidéo qui reproduit une navigation. Les recherches d’utilisateurs·trices sont choisies suivant les thématiques qu’ils·elles abordent et tout particulièrement celles qui entrent en résonance avec notre actualité contemporaine. Cette direction est un réengagement dans le présent d’une expérience passée, ce n’est pas une réitération d’un événement tel qu’il a eu lieu et le couple modèle/copie est destitué. Ce choix permet de repenser et recréer au travers d’un processus de transformation permis. La fiction est utilisée ici pour rétablir une cohérence dans la narration tout en conservant la valeur de vérité propre au documentaire.

Ces sessions de navigations, à la fois sérieuses et légères, témoignent de problèmes sociaux et reflètent des préoccupations toujours d’actualité aux États-Unis. Dans un contexte numérique où les écosystèmes informationnels subissent une transformation majeure, les questionnements soulevés par ces utilisateurs·trices interagissent avec notre société contemporaine et réengagent l’archive numérique au présent.